Ces dernières années, j'entends de temps en temps (pour ne pas dire tout le temps) ce mot : tolérance. Un colloque ou un sommet sur la tolérance, un concert pour la tolérance, etc. Pour le cas marocain, certains disent que c'est un pays de tolérance puisqu'il a été depuis longtemps une terre de rencontre entre plusieurs civilisations et cultures. C'est bien puisque chacun approte sa part de sa culture et que chacun respecte l'autre. Mais la question qui me dérange : sommes-nous vraiment tolérants ? D'ailleurs, ce terme est à prendre avec des pincettes (Voir explication)
La semaine dernière, je suis allé à une mosquée avec des collègues pour la prière du vendredi. Je vous épargne le discours du prêcheur lors de la première partie afin de ne pas déformer ses dires :certains n'hésiteront pas de le taxer d'antisémite. Le pire est qu'il utilise la situation de la mosquée Al Aqsa et des palestiniens pour enflammer l'intérieur des âmes des personnes présentes lors du prêche. La deuxième partie a été brève où le sujet fut la fête d'indépendance. Plus tard, lors d'un repas de vendredi chez une collègue qui nous a invités, j'étais choqué d'entendre des avis positifs sur ce jeune prêcheur. En fait, ce n'est pas la première fois que je fais face à ce genre de situation. Lors de mes études élémentaires, lors d'un cours de grammaire française où on a lu dans "La Balle aux mots" un court passage appelé "La fureur du Pharaon", mon professeur de français m'a fait viollement comprendre...que les juifs sont mauvais après que je lui ai dit que j'avais un ami juif. Mais l'élément qui m'a poussé à écrire ce post est cet article de Hind Taarji où elle parle de l'absence pour ne pas dire l'occultation de la communauté juive dans l'Histoire (officielle) du Maroc avec comme exemple la rebaptisation du mellah de Marrakech vieux de plusieurs siècles en "Hay Salam".
Si du temps de nos grands-parents et parents, il n'était pas rare que marocains musulmans et juifs se cohabitaient dans le travail ou dans la voisinnage le plus normal du monde ( Au point qu'il était normal qu'une mère musulmane allaitait le bébé de sa voisine israélite et vice-versa), aujourd'hui, ce sera de la "science-fiction" pour certains de nos jeunes qui associe "juif" à "israélien" (Ils oublient que des personnes comme Sion Assidon sont opposés à Israel au point de refuser d'y poser leur pied, à moins qu'on veut occulter ce fait), nourris par les infos plus ou moins biaisés ainsi que le discours de haine proféré par certains, sans parler évidemment des événements survenus durant le siècle dernier et jusqu'à maintenant. Autre chose que j'ai remarqué est qu'actuellement la cohabitation musulman-juif, du moins à Casablanca, s'est restreinte aux écoles de la Mission ou israélites comme Maimonides ainsi que dans les quelques quartiers huppés. Autre chose : on n'a jamais parlé de la contribution des juifs marocains dans la résistance pour l'indépendance du Maroc à moins que quelqu'un veut leur faire porter le chapeau de collaborateur comme ce qui s'est passé en Algérie (Ce qui explique pourquoi Enrico Macias est encore considéré personan non grata dans son propre pays).
Alors, que faire pour remédier ? Personnellement, un vrai dialogue ne doit pas se contenter des gens de l'intelligentsia ou de l'élite qui se contenteront d'un beau discours suivi d'un petit buffet. Il faut que Messieus & Mesdames Tout le monde des 2 côtés et notemment les jeunes soient impliqués dans ce dialogue de société pour ne pas dire culturel. Ce ne sera pas facile avec les clichés que chacun a sur l'autre et la présence de certaines personnes qui seront prêts à tout pour faire échouer cette initiative et bien sûr ce qui se passe dans le Proche & Moyen-Orient.
Le jour où il sera banal de voir 2 marocains de confessions différentes tapoter amicalement dans un café populaire ou que chacun respecte les croyances de l'autre sans a prioris ni hypocrisie, je dirai que quelque chose a vraiment changé au pays.
La semaine dernière, je suis allé à une mosquée avec des collègues pour la prière du vendredi. Je vous épargne le discours du prêcheur lors de la première partie afin de ne pas déformer ses dires :certains n'hésiteront pas de le taxer d'antisémite. Le pire est qu'il utilise la situation de la mosquée Al Aqsa et des palestiniens pour enflammer l'intérieur des âmes des personnes présentes lors du prêche. La deuxième partie a été brève où le sujet fut la fête d'indépendance. Plus tard, lors d'un repas de vendredi chez une collègue qui nous a invités, j'étais choqué d'entendre des avis positifs sur ce jeune prêcheur. En fait, ce n'est pas la première fois que je fais face à ce genre de situation. Lors de mes études élémentaires, lors d'un cours de grammaire française où on a lu dans "La Balle aux mots" un court passage appelé "La fureur du Pharaon", mon professeur de français m'a fait viollement comprendre...que les juifs sont mauvais après que je lui ai dit que j'avais un ami juif. Mais l'élément qui m'a poussé à écrire ce post est cet article de Hind Taarji où elle parle de l'absence pour ne pas dire l'occultation de la communauté juive dans l'Histoire (officielle) du Maroc avec comme exemple la rebaptisation du mellah de Marrakech vieux de plusieurs siècles en "Hay Salam".
Si du temps de nos grands-parents et parents, il n'était pas rare que marocains musulmans et juifs se cohabitaient dans le travail ou dans la voisinnage le plus normal du monde ( Au point qu'il était normal qu'une mère musulmane allaitait le bébé de sa voisine israélite et vice-versa), aujourd'hui, ce sera de la "science-fiction" pour certains de nos jeunes qui associe "juif" à "israélien" (Ils oublient que des personnes comme Sion Assidon sont opposés à Israel au point de refuser d'y poser leur pied, à moins qu'on veut occulter ce fait), nourris par les infos plus ou moins biaisés ainsi que le discours de haine proféré par certains, sans parler évidemment des événements survenus durant le siècle dernier et jusqu'à maintenant. Autre chose que j'ai remarqué est qu'actuellement la cohabitation musulman-juif, du moins à Casablanca, s'est restreinte aux écoles de la Mission ou israélites comme Maimonides ainsi que dans les quelques quartiers huppés. Autre chose : on n'a jamais parlé de la contribution des juifs marocains dans la résistance pour l'indépendance du Maroc à moins que quelqu'un veut leur faire porter le chapeau de collaborateur comme ce qui s'est passé en Algérie (Ce qui explique pourquoi Enrico Macias est encore considéré personan non grata dans son propre pays).
Alors, que faire pour remédier ? Personnellement, un vrai dialogue ne doit pas se contenter des gens de l'intelligentsia ou de l'élite qui se contenteront d'un beau discours suivi d'un petit buffet. Il faut que Messieus & Mesdames Tout le monde des 2 côtés et notemment les jeunes soient impliqués dans ce dialogue de société pour ne pas dire culturel. Ce ne sera pas facile avec les clichés que chacun a sur l'autre et la présence de certaines personnes qui seront prêts à tout pour faire échouer cette initiative et bien sûr ce qui se passe dans le Proche & Moyen-Orient.
Le jour où il sera banal de voir 2 marocains de confessions différentes tapoter amicalement dans un café populaire ou que chacun respecte les croyances de l'autre sans a prioris ni hypocrisie, je dirai que quelque chose a vraiment changé au pays.
7 comments:
Le maroc et les marocains ont toujours été tolérants....Je me souviens qu'à Tanger en pleine médina cohabitaient - il y a quelques décénies - musulmans, juifs et chrétiens ...Nous trouvions des mosquées à quelques dizaines de mètres d'églises ou de synagogues
Personnellement, j'ai usé mes culottes sur les bacs d'une école au milieu de mes camarades de de ces trois religions....
Il y avait des Jose....des Gérard..des Farid....et même un hindou au prénom imprononçable que nous surnommions "HOU"..
Ce sont les fanatiques qui ont détruit cette tolérence ..Ce genre d'imams métitent d'être passés en justice parce qu'ils ébranlent la foi des croyants en semant la zizanie et le doute dans le coeur des citoyens!
Nous sommes tous les fils d'Abrham, qui est le prophète le plus cité dans le Coran! Tout le rste est bétise et ânerie!
Ce genre d'imam radicaux sont devenus de véritables stars, admirés par un grand nombre de gens qui n'ont pas le discernement suffisant pour déceler le danger de tels discours de haine...
Concernant les écoles que fréquentent les juifs, ils y sont acculés puisqu'il ne peuvent pas, à ce que je sache, choisir de ne pas étudier l'instruction islamique, qui est sanctionnée par une note du primaire au bac dans le système public et privé.
On dirait que la propagande officielle a très très bien marché, en tout cas pour ce qui est de "vendre" le mythe de la "tolérance" à la marocaine.
La tolérance n'est pas absolue, ça varie beaucoup. Et la nature de la dite tolérance varie aussi de la simple indifférence à l'incapacité d'agir à cause de la loi... la tolérance a surement une position de choix dans le palmarès des termes ombrelle..
Si on en vient spécifiquement à la tolérance religieuse, à mon avis les marocains ne sont pas les champions du monde. Demandez autour de vous qu'elle est l'opinion générale sur les adeptes des religions non monothéistes, sur les convertis, sur l'athéisme.. même le chiisme n'y échappe plus sous couvertures de fraternité islamique.
S'il y a bien quelque chose qu'au moins 90% des marocains partagent à l'égard du judaïsme et des juifs, c'est une navrante et profonde ignorance. D'ailleurs je ne m'exonère pas, je fais malheureusement bien partie de la majorité. Comment des ces conditions espérer un changement de mentalité, surtout avec l'abondance des messages négatifs du genre que décris Mouâd là?
Le film marocain retenu pour les oscars des films étrangers est : "Adieu Mères", si je ne me trompe pas.
Un film qui, d'ailleurs, n'a pas marqué les esprits, ni attiré l'attention des cinéphiles, à cause du titrage moins attrayant!...
J'ai eu une prof juive, que je considère comme ma seconde mère, tout l'amour pour la langue française qu'elle m'a appris...
Juif ou po, y'a même une intolérance que je qualifie de "régionale". Soussi qui déteste Elfassi...
On voit ça surtout dans nos universités.
à part ça, i don't care, et ce que j'appelle vraiment tolérance, c de pouvoir parler, comme toi même tu l'a dit avec n'importe qui, à n'importe quel moment et ds n'importe quel contexte ou lieu.
Certes, parfois la religion est plus ou moins un obstacle, mais il m'est arrivé par exemple de parler à une pakistanaise au téléphone quand ma mère attendait à l'aéroport en UAK :P et avec mon bad english je m'en suis bien sorti.
Sinon sinon sinon, ben c une question avant tout de mentalité, sujet que tu traites tjs à Si Mouâd!
Au moins tu marques un joli retour! ;)
@hmida:
S'il y a quelque chose que j'envie à la génération précédente et avant c'est le fait que plusieurs communautés vivaient bon an mal an un peu ensemble avec ses plaisirs et ses tracas. Certains n'hésiteront pas de vous faire la comparaison entre les anciens patrons étrangers qui étaient pour la plupart plutôt gentils et leurs successeurs marocains (surtout lors de la marocanisation) qui étaient seulement axés sur le gain.
Aujourd'hui, les enfants des indiens du Maroc ont déjà quitté le pays et de même pour les jeunes générations de la communauté juive ou chrétienne (comme les français ou les italiens qui sont restés ici).
Je me rappelle: on oublie de nous parler de certains français qui ont lutté au moins que le Maroc ait une autonomie. C'est le cas notamment de l'industriel Jacques Lemaigre Dubreuil dont un quartier ouvrier casablancais a été baptisé (Actuellement c'est Hay Lesieur)qui a été assassiné pour ça.
@Spyjones:
Dois-je comprendre que les juifs étudiant dans les écoles israélites restantes comme l'Ecole Hébraïque ou Maïmonides sont obligés d'étudier l'éducation islamique car elle est comptée dans les notes? Depuis belle lurette, on ne met plus des enfants étrangers dans les écoles publiques marocaines (exception faite d'un cas que j'ai vu d'une fille s'appelant Da Silva qui a étudié dans mon collège). C'est étrange ou comme dit Zao dans un célébre tube : "c'est chelou"...
@Spyjones & Xoussef:
Depuis l'indépendance du Maroc, beaucoup de choses se sont passés et ont laissé des séquelles sur la population. Pour les musulmans, le mouvement panarabique des années 50 et jusqu'à la nakba de 67, le mouvement islamiste depuis les années 70-80 et les problèmes du Moyen-Orient ont fait que beaucoup associent "juifs=israéliens". D'autant plus qu'Israél a ajouté à l'amalgame en considérant tous les juifs du monde "israéliens". Pour la communauté juive, citadines comme celles vivant dans villages d'Abijaad ou dans l'Atlas, les difficultés économiques, la propagande sioniste promettant le retour à la "Terre Sainte" (et la célèbre "vente par tête") avant que certains d'entre eux se retrouvent dans des villages au premier front avec les palestiniens et subissent le racisme de la part des milieux ashkenazes (Juifs d'Europe. A voir vivement un documentaire d'Al Jazeera sur les juifs arabes en Israel. Personnellement, ça à faire réviser les convictions au début). Actuellement, la population abreuvée par les muftis moyen-orientaux via Nilesat et Arabsat (Dites plutôt Badr) et les livres "religieux" (Au delà de ceux qui comportent simplement des Ad3ias ou prières. Surtout celles destinés aux demoiselles ou palant des péchés) à 2 dh et le manque de la pensée critique, les choses ne feront que s'empirer. J'étais dans une fête suivant une bar mitsvah d'une connaissance (Fête de majorité religieuse des garçons fixée à 13 ans) et j'ai lu un ancien beau livre sur la cuisine juive au Maroc écrite par une Vivian et Nina Moryoussef. Ce qui fait que j'ai une toute petite idée sur les traditions juives marocaines. Si chacun des 2 communautés (sans occulter les européens, indiens, viêtnamiens et etc. établis) essaie de découvrir les coutumes des autres, des choses risquent de changer dans le bon sens. Ce qu'il faut est agir, pas de faire de loings discours dans les salons avec à la fin un buffet.
@hmida:
S'il y a quelque chose que j'envie à la génération précédente et avant c'est le fait que plusieurs communautés vivaient bon an mal an un peu ensemble avec ses plaisirs et ses tracas. Certains n'hésiteront pas de vous faire la comparaison entre les anciens patrons étrangers qui étaient pour la plupart plutôt gentils et leurs successeurs marocains (surtout lors de la marocanisation) qui étaient seulement axés sur le gain.
Aujourd'hui, les enfants des indiens du Maroc ont déjà quitté le pays et de même pour les jeunes générations de la communauté juive ou chrétienne (comme les français ou les italiens qui sont restés ici).
Je me rappelle: on oublie de nous parler de certains français qui ont lutté au moins que le Maroc ait une autonomie. C'est le cas notamment de l'industriel Jacques Lemaigre Dubreuil dont un quartier ouvrier casablancais a été baptisé (Actuellement c'est Hay Lesieur)qui a été assassiné pour ça.
@Spyjones:
Dois-je comprendre que les juifs étudiant dans les écoles israélites restantes comme l'Ecole Hébraïque ou Maïmonides sont obligés d'étudier l'éducation islamique car elle est comptée dans les notes? Depuis belle lurette, on ne met plus des enfants étrangers dans les écoles publiques marocaines (exception faite d'un cas que j'ai vu d'une fille s'appelant Da Silva qui a étudié dans mon collège). C'est étrange ou comme dit Zao dans un célébre tube : "c'est chelou"...
@Spyjones & Xoussef:
Depuis l'indépendance du Maroc, beaucoup de choses se sont passés et ont laissé des séquelles sur la population. Pour les musulmans, le mouvement panarabique des années 50 et jusqu'à la nakba de 67, le mouvement islamiste depuis les années 70-80 et les problèmes du Moyen-Orient ont fait que beaucoup associent "juifs=israéliens". D'autant plus qu'Israél a ajouté à l'amalgame en considérant tous les juifs du monde "israéliens". Pour la communauté juive, citadines comme celles vivant dans villages d'Abijaad ou dans l'Atlas, les difficultés économiques, la propagande sioniste promettant le retour à la "Terre Sainte" (et la célèbre "vente par tête") avant que certains d'entre eux se retrouvent dans des villages au premier front avec les palestiniens et subissent le racisme de la part des milieux ashkenazes (Juifs d'Europe. A voir vivement un documentaire d'Al Jazeera sur les juifs arabes en Israel. Personnellement, ça à faire réviser les convictions au début). Actuellement, la population abreuvée par les muftis moyen-orientaux via Nilesat et Arabsat (Dites plutôt Badr) et les livres "religieux" (Au delà de ceux qui comportent simplement des Ad3ias ou prières. Surtout celles destinés aux demoiselles ou palant des péchés) à 2 dh et le manque de la pensée critique, les choses ne feront que s'empirer. J'étais dans une fête suivant une bar mitsvah d'une connaissance (Fête de majorité religieuse des garçons fixée à 13 ans) et j'ai lu un ancien beau livre sur la cuisine juive au Maroc écrite par une Vivian et Nina Moryoussef. Ce qui fait que j'ai une toute petite idée sur les traditions juives marocaines. Si chacun des 2 communautés (sans occulter les européens, indiens, viêtnamiens et etc. établis) essaie de découvrir les coutumes des autres, des choses risquent de changer dans le bon sens. Ce qu'il faut est agir, pas de faire de longs discours dans les salons avec à la fin un buffet.
@ Mouad
J'avais exclu dans mon esprit l'école hebraïque, et je disais qu'il valait mieux permettre un brassage des élèves musulmans et juifs, plutôt que de les confiner dans des écoles séparées.
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